Celle qui pleurait sous l’eau

NIKO TACKIAN

Calmann Levy

Sortie le 2 janvier 2020

Je ne vais pas parler encore une fois de l’auteur, c’est un romancier que l’aime beaucoup, éclectique dans l’écriture , dans ses différentes casquettes, un auteur que j’adore, que j’ai déjà pu rencontrer dans différents salons, toujours aussi agréable avec ses lecteurs (rices).

Résumé :

SI CLARA N’AVAIT PAS AIME CET HOMME,

ELLE SERAIT TOUJOURS EN VIE

Aujourd’hui Clara n’est qu’un dossier sur le bureau de Tomar Khan. On vient de la retrouver morte, flottant dans le magnifique bassin Art déco d’une piscine parisienne. Le suicide paraît évident.

Tomar est prêt à fermer le dossier, d’autant qu’il est trés occupé par une enquête qui le concerne et se reserre autour de lui. Mais Rhonda , son adjointe , veut comprendre pourquoi une jeune femme aussi lumineuse et passionnée en est venue à mettre fin à ses jours. Elle sent une présence derrière ce geste.

Pas après pas , Rhonda va remonter jusqu’à la source de la souffrance de Clara . Il lui faudra beaucoup de ténacité et l’appui de Tomar pour venir à bout de cette enquête bouleversante.

QUI RENDRA JUSTICE A CELLE QUI PLEURAIT SOUS L’EAU?

Ressenti :

Un livre qui fait résonance en moi, un livre pour toutes les filles, femmes à la merci de pervers narcissiques, un hommage à celles qui ne se relèveront jamais, un fait sociétal qui colle à l’actualité, une ode aux femmes battantes.

« Nous ne sommes jamais autant mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons »

Sigmund Freud

Dans ce troisième opus on retrouve Tomar et son équipe face au suicide de Clara. Une affaire classée? Pas pour Rhonda qui voit au delà du suicide quelque chose de plus profond. La jeune femme prend à cœur cette affaire, elle se sent concernée, atteinte dans son cœur de femme, on découvre une Rhonda tenace, pugnace, frontale face à l’équipe d’hommes de Tomar. Ce dernier torturé, plongé dans ses problèmes personnels, laisse Rhonda et son intuition prendre en charge l’enquête.

Un coup de cœur pour ce nouveau Tackian, un coup de cœur qui atteint et qui met en lumière la violence psychologique faite aux femmes, plus que celles des coups.

A ce jours 147 victimes de féminicides en France mais combien de femmes choisissent le suicide pour échapper à leur bourreau?

le crime ultime des pervers narcissiques. Une relation toxique , une entreprise de destruction psychique mêlant persuasion coercitive et désir d’emprise. Une expérience traumatique qui alterne avec des périodes de bonheur et de privations émotionnelles, conduisant l’âme de la jeune femme à devenir esclave de l’autre. Une alternance de chaud et de froid de tendresse, d’insultes , de chantage affectifs, de tortures physiques pour mieux posséder la femme fragilisée, en faire sa chose pour « assassiner l’âme ». Les victimes n’ont pas le « libre arbitre » qui permet de parler.

Ignorée, rabaissée, persécutée, une identité fragmentée, une succession de séquences douloureuses pour finalement arriver au point de non retour, songer au suicide, une vie sans son bourreau. La mort plutôt que de continuer une vie qui n’en est pas une.

« Une femme en maillot de bain une pièce, flotte au centre du bassin , sur le dos , bras écartés, le visage tourné vers la lune…une longue traînée rouge s’échappait des poignets de ce corps inerte et traçaient des arabesques dans l’eau bleue de la piscine »

Le pervers narcissique est un violent invisible. La colère, le desarroi pousse Rhonda à traquer celui qui a « suicidé »Clara . Elle se fait la justicière des femmes qui crient leur douleur, ne lâche pas l’homme , ce charognard, pour l’envoyer dans ses retranchements.

Une lecture rapide assise à l’arrière d’une Triumph, la vitesse d’une enquête bien emmenée, d’une équipe bien rodée. Des chapitres courts, un enchaînement qui coupent le souffle.

Niko Tackian donne la part belle aux femmes dans ce livre , aux femmes qui se battent , pour leur reconnaissance dans le travail, qui se battent face à un homme violent . Ne plus avoir peur s’opposer au risque de prendre les coups. Une plume directe sans fioriture, à l’essentiel. Une affaire qui prend aux tripes de par la thématique traitée, le suicide par « omission », une brèche qui s’ouvre dans le milieu de la justice, mais pas assez vite. Combien de femmes pour fuir l’emprise d’un homme choisiront par peur, par honte la seule façon d’en finir le suicide?

Une affaire émotionnelle.

Merci aux éditions calmann levy pour cette réception