La septième lune

Pergiorgio Pulixi

Éditions Gallmeister

Sortie 4 avril 2024

Teressa Poletto a disparu, à ‘Ticino »en Lombardie. Alice sa sœur déclare sa disparition.

Alors que Clara Pontecarvo mène son enquête; Mara, Eva,  Pavan et Strega profitent d’un long week-end au soleil, Ils fêtent la naissance de la SIS, la Section d’Investigation Spéciale.

La réalité les rattrape. Clara Pontecarvo fait appel à eux. Une jeune femme a été retrouvée morte, un crime qui rappelle une autre enquête menée en Sardaigne par Mara Reis et Eva Croce.

Les deux enquêtrices ressentent la tension, la peur, elles se sentent observées comme si quelque chose était resté en suspens…

« Sas animas malas »

« Esprits malfaisants »

Teressa Poletto est bien la morte tuée selon un rite prénuragique,  un masque zoomorphe sur la tête, égorgée… comme un sacrifice.

« À la lumière enchanteresse du soleil,  même le cadavre positionné au centre de la vaste grêve était auréolé d »une grâce sacrale. Sa figure hieratique, comme absorbée sans ses prières,  évoquait une statue de marbre érigée pour bénir la rivière.  « 

Cela n’a aucun sens,  pas dans la vallée du Tessin, loin de la Sardaigne.

Et Térésa était la fille, la sœur, l’amie que tout le monde voudrait avoir. Un meurtre incompréhensible.

La famille Poletto cachent des non-dits, son petit ami des mystères et Térésa n’était pas la fille si irréprochable…un dense réseau d’ombres autour de ce meurtre sacrificiel. Et deux instructions qui se superposent.

L’assassin est meticuleux, organisé,  attentif aux détails, « d’une violence aveugle qui nait de toute solitude abyssale…une autre disparition est signalée. Il agit par mimétisme, tel un copycat.

Dans la première partie l’auteur installe son histoire pour ensuite s’accélérer.  Des chapitres courts s’enchaînent,  l’urgence s’installe. Une enquête au cordeau,  une mise à nu glaçante.

Les personnages sont complexes , j’ai adoré suivre Mara et Eva dont le langage corporel opposent autant que le caractère.  L’évolution de leur amitié,  elles se complètent.  L’une est perspicace, l’autre fonctionne à l’instinct, l’une est cérébrale, l’autre plus tempétueuse. Et puis Strega, personnage charismatique,  fédérateur,  au calme orageux, avec ses fêlures.

Dans « la septième lune » tout comme dans les deux premiers livres de l’auteur le paysage est un personnage à part, il est omniprésent,  angoissant

« La « groana » (landes) s’étendait sur plus de 30 hectares, voilée par une masse nébuleuse flottant dans l’air.  La brume déformait les contours des choses, même toutes proches…Le gémissement de la rivière et le chant etouffé des insectes nocturnes formaient une litanie funèbre. »

L’humidité de la nuit s’insinue en nous, le froid, la pluie, l’obscurité nous gagnent, le paysage est  oppressant et s’éteint,  la nuit devient opaque réveillant les terreurs.

C’est un roman envoutant, une immersion totale dans ce petit village du Tessin. Une atmosphère sombre et brumeuse.  L’intrigue se densifie au fil des pages.  Les racines du mal ont pris vie dans ce lieu impénétrable et sauvage. Un roman noir qui prend son essence dans le passé. La plume est dense, brute. Une enquête captivante aux rebondissements justes et bien dosés

L’auteur fait maintenant parti des grands auteurs du thriller italien.

Tu auras compris pour moi c’est carton plein. Et Piergiogio sera l’auteur incontournable à lire pour moi.

Peut-on le lire sans avoir lu les deux premiers ? Je dirais que non , puisque l’on découvre la psychologie des personnages principaux au fil des tomes et ce serait dommage de passer à côté.  Mais les intrigues sont différentes. 

L’île des âmes

L’illusion du mal