Le guerrier de porcelaine

Mathias MALZIEU

Albin Michel

Janvier 2022

« Pauvre petit Mainou, tu n’auras plus de maman. C’est la dernière chose que tu m’as dite quand tu étais allongée dans ton lit. Et moi je pleurais sans m’arrêter. Puis je me suis arrêté. A partir de maintenant, j’ai décidé que je ne pleurerais plus jamais.
La valise invisible est la plus lourde. Les fantômes de la femme de sa vie, sa lisette comme il t’appelait, et d’une presque fille roulé en boule dans celle de papa, d’une mère et d’une presque sœur dans la mienne. »

Mainou perd sa maman dans la nuit du 3 au 4 août 1944 suite à son accouchement, et sa petite sœur Mireille, étoile filante sur terre.

« Remplir deux valises et deux cercueils »

Il n’a pas le temps de pleurer dans les bras de son père, les « deux hommes » ravalent leur peine.
Le papa de Mainou pour repartir au front, alors que Mainou est envoyé chez sa grand-mère maternelle, en Lorraine en France occupée, caché dans une charrette à foin.
Une année qu’il passera « la gorge nouée par une angine de questions » près de sa famille, sa grand-mère, sa tante pieuse, son oncle Émile.
Une année à vivre la nuit, se cacher le jour des allemands, descendre à la cave quand les bombardements ont lieux.
Mainou, n’évacue pas sa tristesse, il recherche dans cette maison, la forêt, un peu de sa mère son odeur, son enfance.
Le petit bonhomme a besoin d’exorciser, il décide d’écrire à sa mère, sa douleur, ses péripéties, avec humeur, humour et amour dans un cahier.

Un oncle atypique attendri devant son neveu. Il a envie de le sortir du gris, de ses émotions, le faire rire, avec ses bons mots, l’emmener la nuit sur son vieux vélo, essayer de lui redonner l’innocence perdue, des étoiles dans les yeux, dans cette année noire et difficile et ce quotidien rythmé par la guerre. Il met des couleurs dans cette vie qui lui a volée une mère et dans l’attente du retour du père…peut être…
Dans son petit cœur d’enfant, ce trop plein d’émotions, de souffrance une question récurrente  » a-t-on le droit d’être heureux, quand on est si triste? « 

« On parle de plus en plus souvent de l’après-guerre quand même et je ne sais pas trop quoi en penser. Je crois que je commence à préférer le monde que je nous ai créé. J’ai dû travailler tellement dur pour rivaliser avec la réalité que je voudrais en sortir le moins possible.
Je bois la grenadine par petite lampées, mais pure. Hier, je suis arrivé à recréer l’exacte sensation de ta main dans la mienne. La bonne température, la pression de tes doigts souples entre les miens. »

Mathias Malzieu sublime l’histoire de ce père, qui a vécu la guerre, le deuil, la peur avec beaucoup de poésie qui soulage les maux, qui embellit la vie.
Un livre bourré d’humanité, du rire aux larmes, une envolée lyrique, un condensé d’émotions.


Un roman intime et onirique.
Une plume toute en sensibilité et pudeur, sur l’amour, la filiation, et surtout une ode à la vie.

Merci aux éditions Albin Michel pour cette superbe réception émotionnelle

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. J’aime beaucoup Mathias Malzieu, ses chansons, ses livres, son univers magique.
    Merci pour ce partage.

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    1. Un doux dingue, un soupçon de folie, une âme d’enfant

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  2. Je lis le David Joy et le Pierre Lemaitre et ensuite je m’attaque au Mathias Malzieu qui est un sacré auteur. Merci à toi, je te souhaite une excellente soirée 😊☀️

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  3. J’ai le David Joy à lire j’aimerai aussi acheter le Lemaitre, pas mal de sorties en Janvier quelques unes également en février qui m’intéressent

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  4. Bonne soirée à toi aussi Frédéric

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