Le paradis caché

Luca Di Fulvio

Ystia et Cie

Le 1er Juin 2023, tu as tiré ta révérence. La vie nous a arraché l’homme le plus lumineux qu’il m’a été permi de rencontrer.

Et malgré la maladie inéluctable tu as eu la lucidité de nous faire ce cadeau.

Ou que tu sois MERCI LUCA.

Merci pour les rires et les larmes, merci pour ces personnages vaillants, et ces salops, pour les femmes aux tempéraments tempetueux mais justes, pour les hommes qui s’allient à elles, et les considèrent comme leurs égales souvent, comme meilleures qu’eux. Merci pour les rêves, les souvenirs, les discussions, les mots, le café, ton amour en l’être humain…ce livre, ce dernier livre est resté avec moi une semaine, et tu m’as fait pleurer d’émotions et de tristesse, je peux la dernière page tournée…TE PLEURER.

Ce ressenti il est pour Toi, mes mots se perdront dans la nuit, les tiens resteront et mèneront vers la lumière…vers le paradis caché.

Italie, 1680, San Michele petit ville des Alpes Italiennes, moment de l’histoire de l’inquisition.

Suzanna, tu es née dans la mort et le sang. Fille dune prostituée, déjà dès la première minute tu es considérée comme une sorcière. Le Père Thevet n’est qu’ amour et pardon, la vie quelle qu’elle soit mérite de respirer, il t’a baptisée comme tous les enfants de Dieu. Dès la première seconde il t’a aimée d’un amour pur et sincère. Tu es « une petite tête folle » aux mille questions aussi rieuse que sérieuse, tu es animée de passions, avide de savoir, du Savoir de l’humanité. C’est ta faiblesse.

« Les sorcières n’existent pas, les Saints non plus, mais les démons existent »

Daniele , à 5 ans tu assistes à la mort de ta mère. Toi le « benandante  » , tu ne peux rien faire, ton père est dévasté, il t’ abandonne au monastère du Prieur Thevet. « Le défroqué » pleure sa femme, déclenche sa rage sur son fils qui n’a rien fait ! Tu es curieux, trop sérieux. Ton âme et ton cœur sont apaisés par la nature qui t’entourre. Tu deviens le gardien des loups. Mais Tu portes sur tes épaules toute la douleur de l’orphelin, un vide, une plaie ouverte, une morsure qui t’arrache le coeur. C’est ta faiblesse. »

« Seul face à une douleur plus grande que lui »

Prieur Thevet tu es magnifique d’amour et d’humanité, ton cœur de prêtre a vu la beauté de l’âme de Danièle et Suzanna, tu les as aimé comme un père, défendu avec rage, tu leurs as donné la connaissance, et l’esprit ouvert. Tu les as écouté, tu les as instruit jamais jugé. Ils sont ta faiblesse.

« Chacun de nous mourra, quand son heure viendra…mais en attendant tu dois vivre…parce que c’est dans ta nature. Parce que malgré tout et tout le mondetu es fais de lumière

Abbesse Anita, Tu es la femme qui n’a pas renoncé, conquise par Suzanna et son espieglerie tu aideras le père Thevet à son instruction. Tu as l’ouverture d’esprit, l’intelligence, les valeurs fondamentales. Tu l’aideras à se méfier de ce monde fermé pour cet esprit de liberté qui anime  » sa petite tête folle » tu seras une mère pour elle et lui ordonne « de ne pas se laisser couper les ailes ».

Paolo Thaeler, tu t’es présenté devant l’inquisiteur, tu l’as adoré. Tu as aimé sa force et la crainte qu’il dégageait. Tu t’es juré de le servir. « Tu es son chien fidèle« . Tu as atteri chez le Prieur Thevet pour être éduqué. Il n’a vu en toi que l’intelligence, la beauté de l’âme et du coeur. Déjà là tu étais fourbe, malfaisant, ami de Danièle tel Judas devant le Christ. Tu n’as qu’un côté sombre que tu caches sous tes airs angelots et de jeune ephèbe. Le mal vit en toi. Ta dévotion envers l’inquisiteur et ta jalousie envers Danièle sont tes faiblesses.

Constantin Tron, élève quelques années plus tôt du Père Thévet, tu as choisi l’inquisition, tu te nourris de la peur des Hommes, de leur ignorance. Froid et cruel tu pourchasses les sorcières, toutes femmes qui recherchent le savoir, à s’élever au côté des hommes. Tu hurles à l’hérésie. Tu te réjouis des flammes, des cris et de la chair brûlée « des sorcieres » que tu condamnes. Susanna est ta bête noire, elle est ta faiblesse.

Luca t’emmène dans une grande fresque romanesque et historique, un sens des mots de l’écriture et de l’histoire qui ne ressemble qu’à lui. Sa plume rejoint Hugo au panthéon de ceux qui resteront.

J’ai pleuré, ri, crié de détresse, laissé venir les vagues de douleur, et la douceur, l’amitié et l’amour. Mon cœur a raté un battement, il a explosé. Tu as exploré le mal de l’humanité, la puissance et la jalousie, les punitions infligées derrière les mots que l’on donne à une religion,

« C’est l’homme qui croit que le monde a été créé pour lui. Et c’est toujours l’homme…en vertu de cet orgueil qui est le sien…qui attribue à la nature, selon la façon dont il l’exploite, une signification bonne ou mauvaise »

J’ai eu de la tendresse pour le père Thevet qui croit en l’humanité, en la bonté des hommes, à sa naïveté parfois mais aussi à sa fidélité car « Dieu n’est qu’amour« .

Face à la fureur des hommes, tu as pourtant réussi à me plonger dans une atmosphère apaisante,dans le silence et la beauté de la nature immense et grandiose qui n’appartiennent qu’à elle. L’homme est si petit…j’ai aimé me poser là près de l’homme aux loups.

Tout comme j’ai aimé me retrouver dans ce monastère ou les journées sont cadencées par les tâches et l’apprentissage, le recueillement.

Bons ou salops tu as donné à tes personnages cet éclat que l’on n’oublie pas, dans la lumière ou l’obscurité. Une psychologie fine, une dualité de l’âme.

La force et la flamme qui animent Susanna, m’ont éblouie, transportée. J’aimerai parfois avoir la foi en l’espérance, en la bienveillance, en l’amour que tes personnages/tu porte(nt) aux Hommes. Susanna même plongée dans une mer agitée ne sombre pas, s’accroche, et ne rompt pas.

Cette histoire c’est la liberté des femmes, celle que tu cherissais. Le droit aux femmes à l’égalité, à la connaissance, à vivre côte à côte avec les hommes, et non les uns contre les autres, un fer de lance que tu herissais haut et fort.

Ce livre c’est surtout ce paradis caché qu’il faut trouver que l’on a en soi, on a tous ce petit quelque chose qui brille à l’intérieur et qui ne demande qu’à S’épanouir. Alors à tous je vous souhaite de trouver « ce paradis caché « 

Et pour finir j’aime le lyrisme de ta plume, les emotions qui m’ont ravagées en te lisant, en lisant ton dernier livre. Il y a beaucoup de toi…j’ai aimé intensément l’auteur que tu es, autant que j’ai aimé l’homme que tu es, ta classe, ton espieglerie, ton sourire, ta façon de nous prendre dans les bras, de nous donner à nous lecteurs l’importance que finalement nous te donnons.

Mais sans nous disais tu, que serais tu?

J’aimais ton humilité.

J’aime à croire, même si je retournerai à la terre lorsque mon heure viendra, que tu étincelles au dessus de nos têtes, un clin d’œil, un sourire et …

Ciao peut-être.

8 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Aude Bouquine dit :

    MAGNIFIQUE !!!
    La plus belle chronique que j’ai lue ♥️. Toutes les émotions de lecture remontent, c’est pour moi je signe d’un retour de lecture PARFAIT !
    Chapeau, c’est sublime.

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    1. Oh merci beaucoup Aude, ça me touche cela à tellement été difficile à écrire

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      1. Aude Bouquine dit :

        C’est très bon !! C’est exactement de ça dont je te parlais : quand tu as connu l’homme, la chronique est très différente ♥️

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  2. couriretlire dit :

    un très bel hommage, tu m’as mis la larme à l’oeil

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