Catherine Bardon
Les Escales
Rl septembre 2022

« Le bouleversant destin de Flor de Oro Trujillo, la fille d’un des plus sinistres dictateurs que la terre ait portés «
J’appréhendais ce livre, les Déracinés fut une saga familiale et historique coup de cœur, cette saga m’avait tellement bouleversée, la force des femmes était omniprésente.
Alors découvrir la fille de l’ogre me tentait énormément en même temps me faisait peur.
Et puis quelle erreur Catherine Bardon a une écriture qui pose la petite histoire dans la grande, une écriture fluide et un travail de documentations, de recherches impressionnant. Un livre riche, où tu es complètement en immersion en République Dominicaine, la vie, le soleil, les odeurs, le pays qui tombe au mains de Trujillo, son pouvoir nocif, toxique, la peur qu’il instaure.
Un roman passionnant de réalisme.
Nous suivons Flor de Oro de 1915 à sa mort, fille du sinistre dictateur
La montée au pouvoir du Jefe
L’histoire d’un peuple
La vie de Flor est une tragédie une vie cabossée, pourtant si délicate. Déjà petite son père choisissait pour elle, un chien, ses tenues, son éducation.
Aminta, sa mère, était impuissante et apeurée par les colères, la violence du Jefe. Elle endure Aminta pour Flor même l’infidélité de son mari.
Flor se doit de ne pas le contrarier, le decevoir, elle doit se plier aux décidions de son père .
Un père absent tel un fantome, un vide, un trou beant dans le coeur de Flor qui cherchera toute sa vie l’amour de son père.
Alors pour lui elle s’applique, cache ses pleurs lorsqu’il l’envoie en pension en France dès 9 ans, sans nouvelle de ses parents pendant trois ans.
Pour Flor c’est le chaos, un cataclysme, une blessure profonde dans son cœur d’enfant, elle grandira avec cette meurtrissure.
Au fil des années la petite fille insouciante pleine de vie efface son sourire, sa joie s’évapore.
Pourtant il a de grandes espérances pour sa fille, mais ce père toxique choisit pour elle, sacrifie son enfant au détriment de son ascension au pouvoir.
Son enfance n’est plus, la solitude la gagne la douleur jamais ne la quittera.
Le chagrin tenace la terrasse. Mais Flor c’est aussi un caractère qui veut sa liberté, décider de son destin, elle s’oppose à Trujillo. Elle papillonne, brave son père.
Avec la fougue de ses 17 ans, elle tombe amoureuse de Porfirio Rubirosa, homme magnétique, un coup de foudre, une attirance animale. Elle défie, resiste jusqu’à faire céder son père et se marier avec Porfirio, son grand amour.
Deux hommes qu’elle a aimé de tout son cœur, de toute son âme.
Deux amours sous emprise, nocifs.
« Rien ne dure le bonheur moins que toute chose »
Elle paiera son obstination, sa ténacité , c’est son père qui organise la cérémonie, qui choisit la robe, et qui refuse d’inviter sa mère.
Meurtrie par ce père autoritaire et megalo, Flor n’est qu’un jouet dans ses mains, un enjeu de pouvoir.
On entrevoit malheureusement avec tristesse, sa vie de calvaire, sous la coupe du Jefe, l’amour brutal et les infidélité de Rubirosa.
Le bonheur pour Flor n’est qu’un lointain souvenir éphémère. Ces deux hommes sont les parasites qui détruisent le cœur et l’âme de la jeune fille.
Les nuages noirs d’une vie sous tutelle, d’une vie gâchée, d’une vie regentée s’annoncent.
« Elle n’aura jamais le bonheur d’être mère, son corps d’adolescente lui refuse la maternité «
Le divorce avec Rubirosa est entamé.
Fragile, Flor tombe dans la dépression cherchant inlassablement l’amour de son père, ce dictateur tyrannique.
On traverse l’histoire, la guerre, le chaos la démesure de son père, son culte de la personnalité, ses statues érigées en République Dominicaine, les rues, places rebaptisée, son despotisme. .
Flor ne s’alimente plus, tombe à nouveau dans ses travers, son existence se fissure, sa terreur omniprésente.
Elle n’est qu’une marchandise, un pion sur l’échiquier dans les mains de l’ogre.
« Jamais le Jefe ne desserera le licol passé autour du cou de Flor »
Flor sera mariée 9 fois, très souvent au bon vouloir de son père et toujours pour servir, l’ascension de ce dernier.
Exubérante et tempétueuse la fille rebelle de l’ogre des caraïbes s’éteint. Une descente aux enfers programmée depuis sa naissance une fuite en avant, des relations toxiques.
« Sa vie un fiasco, son avenir un naufrage annoncé «
Flor est suspendue dans le vide, dépressive, neurasthenique, anorexique, une vie dépourvue de sens, une ombre omniprésente, muselée, humiliée, l’estime de soi brisée.
« Une vie au rabais, encagée, sous surveillance, une vie sans rire, sans amour, sans joie. Elle enferme ses souvenirs ternis au fond de son coeur et les recouvre des cendres de sa vie. »
Catherine Bardon est une conteuse, et redonne à Flor une noblesse oubliée.
Bouleversée par cette triste vie, cette femme deconstruite par son père, qui recherchera son amour tout le long de sa vie, son histoire nous terrasse. Elle luttera pour se libérer en vain de cette horrible tutelle.
Une jeune femme touchante, une vie dépourvue de sens, un énorme coup de ❤️.
» un des pires dictateurs que le monde ait connu, cruel, manipulateur, pervers sanguinaire, assassin, tortionnaire, violeur. Comment appeler papa un tel homme ? Et pourtant le Jefe est son père, envers et contre tout pour toujours «
J’aime beaucoup Catherine Bardon. J’ai lu les déracinés cet été et j’ai beaucoup aimé. Il me reste les 3 tomes suivants à lire mais j’ai commencé l’Americaine en audio. Je me note ce titre.
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J’aime beaucoup son écriture, la fluidité, et ses recherches, documentations, je ne connaissais pas ce pan d’histoire avec la République Dominicaine.
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C’est terrible, ce destin !
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Oui, Nath, une vie gâchée
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