Nos vies en flammes

David Joy

Sonatine

« La vie était pour les vivants et la mort pour les morts, et il y avait suffisamment de beauté et de grâce dans les deux pour réparer les êtres les plus delicats et brisés. »

Les Appalaches sont ravagées par les flammes tout comme sa jeunesse ravagée par les drogues, une jeunesse rurale désœuvrée, au chômage, abandonnée par l’Etat.
Une génération détruite par les dealers, la corruption, la misère.
Ray , veuf, en retraite, solitaire pensait finir sa vie, sans éclats. Il a suffit d’un coup de fil, un seul, celui de son fils, camé, qui était prêt à tout pour avoir sa dose.

Mentir, voler, promettre sans rien donner,

Un seul coup de fil, « ILS » vont me tuer.

La fracture, la vengeance, la culpabilité,

S’insinuent par les pores,

Ray a fermé les yeux, impuissant face à la déchéance de son fils, il a laissé tomber, détourné la tête, face aux dealers, aux flics corrompus…

Il est temps de se lever, se révolter, se battre,

Et les Appalaches s’embrasent.

Une vie au jour le jour, la misère sociale, la drogue, les autorités qui ferment les yeux, une jeunesse sacrifiée, mais « nos vies en flammes  » c’est aussi le reveil d’une population qui refusent de se résigner, qui cherche la lueur dans cette noirceur.

David Joy a cette écriture qui te remue, qui te donne une claque, qui dépeint des gens simples avec beaucoup de réalisme.
Un ascenseur emotionnel qui chamboule.
Un œil acéré sans complaisance.
Une écriture dense, sans fioriture, qui fait mal, les contradictions d’une Amérique décadente et puritaine. Une Amérique qui se moque de ses pauvres, sacrifiés sur l’autel de la cupidité.

Une musicalité, une poésie dans les mots qui te déchire le cœur.
C’est beau, fort, puissant.
Un roman noir tristement dramatique, humain.

Profond, percutant, bouleversant.

« Vient un moment où il ne reste plus que le souvenir. Une vie n’est rien que la somme de ses hier. »